Premier module

Chapitre 2

Troisième partie

 

 

Insertion de l’élevage dans les filières économiques
 

     La Seconde Révolution Agricole, qui prit place après-guerre, fut l'époque de l'évolution des techniques.

     Dans le domaine des techniques de reproduction, cela correspondit aux débuts de l'insémination artificielle, et donc à la création du marché de la semence, et aux techniques bio-moléculaires de transgènese. 

    Dans celui de la gestion, le développement des statistiques et de l'informatique, en particulier au niveau du Service National d'Identification et de Contrôle des Performances, aboutirent aux lois sur l'Élevage du 28 décembre 1966, qui permirent un contrôle précis des manipulations génétiques par les centres d'insémination artificielle.

    La conséquence directe de cette évolution fut la disparition des races les moins efficaces ou moins stables génétiquement. Ces innovations mirent en danger la biodiversité.

    D'autres améliorations, dans le domaine de la mécanisation, de l'alimentation et des méthodes de prophylaxie, permirent une augmentation des rendements, une réduction du travail, et un dépassement des limites des forces humaines.

 

Changements économiques et évolution de l'agriculture et de l'élevage

 

Les améliorations technologiques permirent une augmentation des rendements : on passe d'une production moyenne de 3 000 L de lait par an et par vache en 1970 à 8 000 L en 2000, pour une même race. Cependant, la consommation reste stable, ce qui provoqua une série de crises. 

    Jusqu'aux années 1960, les souvenirs de disette poussaient à une politique d'approvisionnement permanent.

    L'année 1962, marquée par le Traité de Rome (alliance de la France, un pays agricole, et de l'Allemagne, bien plus industrialisée) et la fondation de la PAC, fut le début d'une ère de développement de l'agriculture Française.

    A partir de la création de l'U.E, l'agriculture se doit de répondre à de nouveaux critères : elle doit d'une part permettre la couverture alimentaire, mais aussi le revenu des agriculteurs, et d'autre part, elle est un facteur de solidarité internationale. Les marchés sont désormais réglés au niveau européen, voire mondial, par filière. Des prix objectifs sont mis en place, ce qui constitue une régulation de la loi de l'offre et de la demande : les excédents sont stockés sous forme de produits secondaires dits "de stockage"*.

    Par exemple, dans le cas de la production laitière, les produits de stockage seraient le beurre et la poudre de lait. Ces produits en excès seront ensuite exportés vers les pays pauvres (ce qui aboutit en fait plus à la destruction de l'économie locale qu'au soutien de la population), vers les Pays de l'Est, et vers les zones d'engraissement des veaux maigres, ce processus devenant alors industriel. 
    Ces exportations d'une partie de la production laitière correspond à une perte considérable d'énergie. 
    En réponse furent fondés, en 1984, les quotas laitiers. On définit des droits de productions nationaux et locaux, afin que la quantité de lait produite reste figée sur l'image de 1983. Ceci eu pour conséquence une diminution des effectifs bovins et une augmentation des revenus des éleveurs.

    Le cas de la production de viande est légèrement différent : la viande est utilisée pour l'alimentation humaine et se dévalorise fortement au stockage. La politique choisie fut de laisser les prix s'effondrer et de compenser par des primes. 
    La PMTVA* (Prime de Maintien du Troupeau de Vaches Allaitantes), la PH (Prime d'Herbe), la PAB (Prime d'ABattage) permettent ainsi le revenu des éleveurs de vaches allaitantes. Dans les zones difficiles (montagne), des primes supplémentaires (Prime de Montagne) facilitent le développement d'un cheptel entrant dans le contexte de la Nouvelle Agriculture*, et on assiste alors à une concentration des effectifs dans ces régions. 

    Dans le cas des productions céréalières, le stockage est facile, on applique donc le système de prix indicatifs internationaux. Cette méthode est défavorable aux États-Unis car les pays pauvres vers lesquels les produits de stockage sont exportés appartenaient à leur marché. D'où la nécessité de négociations avec l'OMC. 

Aujourd'hui, dans le cas des élevages modernes de porcs et de volailles, la politique choisie est un libéralisme total : pas de prime, pas de soutien de la part de l'État. Ces domaines sont donc particulièrement concurrentiels et les prix sont très réactifs. La production se concentre autour d'un petit nombre de grands élevages de type industriel. La production reste constante par nécessité : en l'absence de primes et de possibilités de stockage (dévaluation importante des produits au stockage), toute surproduction entraîne une crise, et donc une autorégulation des prix. Dans ce cadre hyper concurrentiel, on comprend l'importance de l'amélioration génétique par sélection. Les races disparaissent pour donner naissance à des souches hybrides à qualités bien marquées : nombre de produits, qualité du produit, ou qualités de croissance propre. Des croisements permettent l'obtention de souches à haut rendement. 

Dans le domaine de la production laitière, la race constitue l'élément fédérateur des élevages. C'est une production identitaire. Les techniques de croisement n'ont pas prouvé leur efficacité. 

La production de viande bovine est optimisée par des croisements entre des races rustiques, qui sont bien adaptées à l'élevage extensif et possèdent des qualités maternelles intéressantes, et des races à bonnes conformation bouchère. Cette propension à la sélection s'étend jusqu'au sein d'une race, par le choix de lignées présentant des qualités complémentaires lors de la reproduction (cas de la vache Charolaise, dont deux lignées existent, une présentant des qualités bouchères, l'autre des qualités maternelles). 

 

 

 

Changements sociaux et évolution de l'agriculture

 

     La transition entre l'économie paysanne et l'économie agricole correspondit au niveau social par un développement urbain intense et une adaptation des modèles sociaux urbains au milieu rural. En particulier, on note un développement notable des animaux de compagnie.

     La modification des contraintes donne lieu à une recherche de nouveaux objectifs, dans le sens d'un respect constant de l'environnement, de la biodiversité. Aujourd'hui, on assiste à une exploration de nouvelles stratégies.