Les améliorations
technologiques permirent une augmentation des rendements : on passe
d'une production moyenne de 3 000 L de lait par an et par vache en
1970 à 8 000 L en 2000, pour une même race. Cependant, la consommation
reste stable, ce qui provoqua une série de crises.
Jusqu'aux années
1960, les souvenirs de disette poussaient à une politique
d'approvisionnement permanent.
L'année 1962, marquée
par le Traité de Rome (alliance de la France, un pays agricole, et de
l'Allemagne, bien plus industrialisée) et la fondation de la PAC, fut
le début d'une ère de développement de l'agriculture Française.
A partir de la
création de l'U.E, l'agriculture se doit de répondre à de nouveaux
critères : elle doit d'une part permettre la couverture alimentaire,
mais aussi le revenu des agriculteurs, et d'autre part, elle est un
facteur de solidarité internationale. Les marchés sont désormais
réglés au niveau européen, voire mondial, par filière. Des prix
objectifs sont mis en place, ce qui constitue une régulation de la loi
de l'offre et de la demande : les excédents sont stockés sous forme de
produits secondaires dits "de stockage"*.
Par exemple, dans le
cas de la production laitière, les produits de stockage seraient le
beurre et la poudre de lait. Ces produits en excès seront ensuite
exportés vers les pays pauvres (ce qui aboutit en fait plus à la
destruction de l'économie locale qu'au soutien de la population), vers
les Pays de l'Est, et vers les zones d'engraissement des veaux
maigres, ce processus devenant alors industriel.
Ces exportations d'une partie de la production laitière correspond
à une perte considérable d'énergie.
En réponse furent fondés, en 1984, les quotas laitiers. On définit
des droits de productions nationaux et locaux, afin que la quantité de
lait produite reste figée sur l'image de 1983. Ceci eu pour
conséquence une diminution des effectifs bovins et une augmentation
des revenus des éleveurs.
Le cas de la
production de viande est légèrement différent : la viande est utilisée
pour l'alimentation humaine et se dévalorise fortement au stockage. La
politique choisie fut de laisser les prix s'effondrer et de compenser
par des primes.
La PMTVA* (Prime de Maintien du Troupeau de Vaches Allaitantes),
la PH (Prime d'Herbe), la PAB (Prime d'ABattage) permettent ainsi le
revenu des éleveurs de vaches allaitantes. Dans les zones difficiles
(montagne), des primes supplémentaires (Prime de Montagne) facilitent
le développement d'un cheptel entrant dans le contexte de la Nouvelle
Agriculture*, et on assiste alors à une concentration des effectifs
dans ces régions.
Dans le cas des
productions céréalières, le stockage est facile, on applique donc le
système de prix indicatifs internationaux. Cette méthode est
défavorable aux États-Unis car les pays pauvres vers lesquels les
produits de stockage sont exportés appartenaient à leur marché. D'où
la nécessité de négociations avec l'OMC.
Aujourd'hui, dans le cas
des élevages modernes de porcs et de volailles, la
politique choisie est un libéralisme total : pas de prime, pas de
soutien de la part de l'État. Ces domaines sont donc particulièrement
concurrentiels et les prix sont très réactifs. La production se
concentre autour d'un petit nombre de grands élevages de type
industriel. La production reste constante par nécessité : en l'absence
de primes et de possibilités de stockage (dévaluation importante des
produits au stockage), toute surproduction entraîne une crise, et donc
une autorégulation des prix. Dans ce cadre hyper concurrentiel, on
comprend l'importance de l'amélioration génétique par sélection. Les
races disparaissent pour donner naissance à des souches hybrides à
qualités bien marquées : nombre de produits, qualité du produit, ou
qualités de croissance propre. Des croisements permettent l'obtention
de souches à haut rendement.
Dans le domaine de la
production laitière, la race constitue l'élément fédérateur
des élevages. C'est une production identitaire. Les techniques de
croisement n'ont pas prouvé leur efficacité.
La production de
viande bovine est optimisée par des croisements entre des
races rustiques, qui sont bien adaptées à l'élevage extensif et
possèdent des qualités maternelles intéressantes, et des races à
bonnes conformation bouchère. Cette propension à la sélection s'étend
jusqu'au sein d'une race, par le choix de lignées présentant des
qualités complémentaires lors de la reproduction (cas de la vache
Charolaise, dont deux lignées existent, une présentant des qualités
bouchères, l'autre des qualités maternelles).